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5 commentaires

Deus in machina

  1. Il est vrai qu’une partie de ces travaux procède par une sorte d’archéologie mécanique du medium, mais cette tendance me paraît pas mal impulsée par le fait numérique et notamment le jeu ou la résistance à sa fascination fétichiste. Le travail de Charles Mazé est issu d’un workshop avec Benjamin Gaulon qui s’intéresse notoirement à « l’art dans un monde digital » (http://adw.tumblr.com/). Edo Paulus travaille avec Max/MSP, Jonathan Puckey avec Scriptographer, le plug in java de Jurg Lehni pour Illustrator… Ceci étant, Alexandre il y a sûrement matière à de précieux raffinements de l’analyse et vos propositions seront évidemment les bienvenues. Benjamin, justement, proposait avec Kim Cascone le terme « postdigital » (http://www.salutpublic.be/2ou3choses/a-decouvrir/3893#comments)
    (http://en.wikipedia.org/wiki/Postdigital)…

  2. Je ne crois pas que le terme « design numĂ©rique » soit appropriĂ©. Le travail de Charlie ci-dessus est, par exemple, entièrement mĂ©canique. De mĂŞme, les travaux menĂ©s par le collectif conditional design ne sont pas numĂ©riques. Il y a surement un terme plus juste Ă  trouver.

  3. Oui, c’est à la fois une forme, une tendance de l’expression des arts numériques plus ou moins appliqués et un contenu, une façon de résister à la fascination de la machine, fascination qui, du reste, peut être aussi très féconde comme le montre par exemple le travail des Hudson-Powell. C’est aussi une manière de questionner la notion d’échec et sa moralisation dans nos sociétés comme le souligne justement Florian. J’aurais dû citer aussi d’autres formes de mise à mal de la puissance de la machine comme par exemple les VJings de Mathias Schweizer qui se fondent sur un bug du logiciel d’application ou les images corrompues par Benjamin Gaulon…

  4. Excellent commentaire qui peut soulever par ailleurs une reflexion quant Ă  la place de l’echec dans notre rĂ©seau-sociĂ©tĂ© et son +ou- contrĂ´le. Les skills de Charles MazĂ© c’est vraiment trop mortel!)

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Penjet

Initiée il y a quelque temps par trafik ou Jürg Lehni, perpétuée par Troika, Superscript ou le récent manifeste conditional design, soit Luna Maurer, Edo Paulus, Jonathan Puckey et Roel wouters, confirmée par nombre de diplômes étudiants de l’année, de Frédéric Tacer à la sélection proposée par objetgraphik, la vague émergente du graphisme numérique semble continuer d’affirmer son potentiel créatif dans le sillage des recherches de la cybernétique, des trouvailles des arts et autres technologies numériques.

Penjet

Penjet

On y exploite les possibilités presque magiques de l’interaction avec la machine et sa stupéfiante puissance de calcul en temps réel dans des visées diverses, allant de l’enchantement poétique d’une réalité augmentée à la solidarité collaborative du réseau, à l’activisme politique ou burlesque, à la fonctionnelle et traditionnelle célébration de la marchandise…

Et il me semble que l’on s’y complait parfois un peu facilement dans une sorte de fascination fĂ©tichiste vis-Ă -vis de l’omnisciente et omnipotente machine. On a parfois tendance Ă  y rabattre une certaine cĂ©lĂ©bration de la toute dĂ©miurgique prothèse sur une recherche du fini, de l’achèvement et de l’effet, qui en appelle Ă  la notion dĂ©monstrative de la maĂ®trise, du pouvoir numĂ©rique. En quelque sorte « Deus in machina Â».

Charles Mazé

Charles Mazé

Charles Mazé

Dans ce contexte, j’apprécie d’autant plus les propositions qui piègent ou handicapent la machine. Par exemple le travail low-tech, humble et bricolé de Charles Mazé ou du projet penjet, justement par ce qu’ils laissent et assument d’erreurs et d’interstices dans cette nouvelle hyperréalité, selon le mot de Bernard Stiegler, qui est aussi la possibilité des sociétés du contrôle dont parle Gilles Deleuze. Par ce qu’ils refusent justement ce que d’aucuns ont qualifié d’horreur du lisse. Il relèvent plus d’un Gaston Chaissac ou d’un Henri Matisse se handicapant volontairement, qui le bras de différents poids, qui le pinceau d’un manche hors d’échelle, afin de ne pas trop facilement céder au piège de la virtuosité exercée pour elle-même.

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