1. Précisément, lorsqu’on parle d’art ou de pratiques artistiques, forme et fond sont inextricablement liés voire consubstanciels. Focillon parle des « contenus formels ».
   Ces collections qui m’aparaissent bel et bien comme des projets ou des propositions se rencontrent sur des sites ou des blogs d’artistes, de graphistes, de critiques d’art ou de graphisme… bref, des espaces d’échange relevant de la création visuelle.
   Sur leur site (http://www.scratchdisk.com), Laurent Benner, Alex Rich et Jürg Lehni présentent explicitement Scrollable Landscape comme un projet commun…
   Dès lors présenter des images qui questionnent leur statut d’acceptabilité artistique, ce que j’ai déjà appelé ailleurs leur artisticité, me paraît relever d’un questionnement des limites de l’art. Et il me semble que cette ouverture conceptuelle de leur statut est justement ce qui fait leur intérêt esthétique, leur plasticité.
   J’espère, Didier, vous avoir un tantinet éclairé.
   😉

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2. Je ne comprends pas vraiment de quelles « limites » voulez-vous parler ? Ethique ? Politique ?
   Les projets dont vous donnez les liens ne sont peut être pas à proprement parler des « projets », puisqu’ils ne n’abordent que certains aspect du projet : principalement la forme, sans vraiment prendre en considération le sens, la dimension culturelle ou historique ou politique.

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Cela fait quelque temps que, dans la droite ligne de l’ambiguïté conceptuellement plastique du discours du pop art, on cultive ça et là une certaine esthétique plurielle faite de l’asepsie du muzak, du terrorisme de l’audimat, de la violence du réel et de la trivialité touchante de la culture populaire et des pratiques amateur. Le tout étant évidemment initié par la geste duchampienne capable de faire entrer dans le champ de l’art des objets trouvés par le simple effet de leur désignation.
Ainsi, un Bertrand Lavier disait déjà rechercher dans les pages de documents sur l’art du printemps 1995 un « sentiment de consternation […] doublé d’un trouble, d’une fascination » tandis que, dans ce même numéro, Paul Mac Carthy confrontait, entre autres, une photo trouvée de famille suisse en virée joyeuse dans les alpages, une photographie de la sculpture monumentale de Siegfried et Roy devant le Caesar’s Palace de Las Vegas, une photographie du penis de Napoléon conservé dans le formol ou de la tour Eiffel trônant au cœur de l’exposition universelle de 1900…
Je retrouve ce même sentiment d’image et d’esthétique limite (c’est à dire qui agit aux limites justement plastiques de l’acceptable et / ou de l’intéressant s’agissant d’art, de la sincérité et de la dérision… bref, de l’éthique et de l’esthétique) dans les collections d’images qui fleurissent en ce moment sur la toile entre projet artistique, humour forain, anthropologie des industries culturelles ou des cultures populaires et cabinet de curiosité.
Faund, Tonk gallery, aids-3D, Sexy People, Scrollable Landscape…
Merci à François pour cette illustration représentant Philippe Millot qui fut aussi cet arrière du fameux club de football stéphanois.