Le brillant travail conceptuel « cyclique » de Simon Starling vient prendre une dimension singulière dans le cadre du Centre d’art du Parc Saint Léger où s’accomplit la partie inédite de sa première exposition monographique en France, la partie rétrospective occupant simultanément en ce moment le plus institutionnel Mac/Val.
Si je dis cyclique, c’est que le jeune artiste anglais aime à cultiver différents procédés de mise en abyme tressant en boucles complexes et énergisantes les différents niveaux de réalité de ses installations et de ses performances. Cycle, boucle, court-circuit, révolutions…
Si j’évoque une résonance particulière de cette approche cyclique en quelque sorte « filée » par le titre même de l’exposition absolument épatante qui se déroulera au Parc Saint Léger, du 20 septembre au 20 décembre, ThereHereThenThere / La source, c’est qu’il faut sans doute rappeler que ce centre d’art occupe les murs d’une ancienne usine d’embouteillage exploitant la source thermale,forcément bienfaisante, qui la jouxte et autour de laquelle s’est construite l’ancienne ville d’eau nivernaise bien nommée Pougues les eaux… Cycle des eaux, interpolation, effet de larsen, chambre d’écho, anemic cinema…
Et cette installation originale relevant d’un genre de dynamique des fluides nous intéresse au premier chef puisqu’elle s’attaque aux procédés d’impression et à la question de l’image à la fameuse « ère de sa reproductibilité ». Ère dans laquelle, peut-être contre toute attente, Starling parvient à doter ses images de pas mal de mystère « auratique ».
Sans vouloir tout dévoiler, je voudrais notamment parler, d’abord des vitrines de maquettes en blanc confrontées aux vitrines d’éditions achevées répertoriant quatorze années de publications documentant le travail de Starling (Les maquettes en blanc 1995-2009 illustration 3 et 4)… Travail de la « pensée gigogne » toujours, mais aussi étonnantes présences sculpturales manifestes de ces livres en attente de contenu qui rappellent l’importance multimedia de l’édition aux côtés des sculptures, installations et photographies que souvent elles doivent médiatiser, dans la tradition conceptuelle. Ensuite je voudrais parler d’Archaeopteryx Lithographica, série de six lithographies déployant les différentes réalités de l’image (reproduction lithographique de la photographie du texte illustré par la lithographie de la photographie du fossile, lithographie de la photographie de la pierre d’impression lithographique de la photographie du fossile, etc.) en s’appuyant sur l’anecdote incroyable de sens intriqués qui fait que la découverte de la lithographie aboutit par l’exploitation d’une certaine qualité de pierre calcaire à la découverte du fossile d’une plume (illustration 5). Soit évidemment l’image du temps inscrite, comme la lithographie, dans la pierre, mais aussi l’image du lien entre les dinosaures et les oiseaux et une confirmation de la découverte concomitante à l’invention de la lithographie par Aloys Senefelder des théories de l’évolution par Charles Darwin…
Enfin je ne tenterai pas de trop mettre à plat la chambre d’écho de références et de relais sémantiques de l’incroyable installation La source, mais je rappellerai juste que cet ensemble de sphères de verre noir réalisées magnifiquement par le Centre International d’Art Verrier composent évidemment l’image d’une trame de demi teintes typographique 3D ayant pour source la référence du centre et de son histoire…
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