Flux

4 commentaires

Télé-transportation

  1. Cela me fait penser à un court texte de Paul Valéry qui s’intitule «La conquête de l’ubiquité» où il imagine l’omniprésence et le caractère instantané d’une Å“uvre d’art (une Å“uvre de la pensée…). Tout comme l’électricité, l’eau ou le gaz, il suffirait d’ouvrir un robinet pour obtenir ici et là ces créations et requestionner la place de l’œuvre hors des environnements traditionnels. Pour avoir imaginé en 1928 les prémices d’un «flux» sur lequel l’art pourrait exister je trouve que cette réflexion peu tout à fait faire écho à l’idée et au thème de cette biennale.

    Le cours texte de Paul Valéry est je pense facilement touvable sur le net — heureusement car sinon ce serait un comble pour le sujet traité 😉 :

    PAUL VALÉRY
    «LA CONQUÊTE DE L’UBIQUITÉ»
    1928, in Œuvres, tome II, Pièces sur l’art, Nrf, Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1960, 1726 pages, pp. 1283-1287. Paru dans De la musique avant toute chose, Éditions du Tambourinaire, 1928.

    (voyez également les efforts pour avoir pris le temps de mettre des capitales accentuées ;)…)

    Bien à vous, chers tous !

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *



Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Yves Jeanneret nous rappelle ce que l’imaginaire de l’internet doit à la télépathie.
 

La fin du XIXe siècle vit toute une investigation technologique se mêler d’imaginaire merveilleux. Maxime Vuillaume, constructeur de ponts et de tunnels qualifia de routes de la pensée les alors tous nouveaux télégraphes, avec ou sans fil, aériens ou sous-marins. Toute une technologie de la connexion liée aux capacités enchantées de la fée électricité apparaissait à l’époque en même temps que le mot et le concept de télécommunication. Sous la plume de l’ingénieur Édouard Estaunié, téléphone, télégraphe, bref télécommunications étaient alors définies comme « l’ensemble des moyens électriques de transmission de la pensée à distance ».

Confusion de la télépathie et de la communication à distance. Peut être pas tout à fait l’épistémologie surrationaliste à la Gaston Bachelard ou Roger Caillois rapprochant, en « dormeurs éveillés », science et poésie, mais un imaginaire du rapprochement enchanteur des sciences diurnes et occultes, de la magie et de la science, de la science et de la fiction…
 

Aujourd’hui, ce récit d’une technologie de l’immédiateté est bien sûr réactivé par ce, qu’à tort ou à raison, on qualifie de révolution digitale. L’idée d’une communication directe qui est aussi le rêve impossible de la dématérialisation de ses médiations. Le fantasme d’une communication sans corps dans laquelle les cerveaux ou la définition strictement informationnelle de nos existences se connecterait directement, s’épouserait sans distorsion.

La fiction de médias : appareillage et moyens qui nous relient et nous séparent, qui nous permettraient paradoxalement de constituer le milieu d’une communication moins distante… Le déni des corps rejoué en esthétique, en moyen de sentir, de faire corps à distance, de nous téléporter pourquoi pas…
 

Le design, lieu pluriel et impur de la parapsychologie, de la science-fiction, de la rencontre de la magie et de la technologie, bref, de la téléportation, voilà le champ d’investigation de la nouvelle Biennale Internationale du Design de Saint Étienne.

Meta

Entrevue

Beauregard